La tradition conscrits
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Une tradition unique en France :
Nulle part ailleurs, la fête des Conscrits n'a pris une telle ampleur. Ici, elle cimente les générations
à travers une amitié quasi indéfectible, élevée, depuis plus d'un siècle, au rang d'une institution.
Entre conscrits de même classe et de même âge, on se tutoie sans distinction sociale, on s'épaule
en cas de difficulté. "Conscrit un jour, conscrit toujours" dit-on.
Mais attention ! cela ne concerne que les messieurs; tradition, oblige.
Histoire
La tradition remonte au siècle dernier. A l'époque -révolue- du tirage au sort des conscrits qui s'effectuait
à l'Hôtel de Ville, les jeunes hommes de 20 ans faisaient la fête avant d'être appelés à servir sous les drapeaux
de longues années. Or, pendant le Second Empire, deux jeunes Caladois se présentèrent devant les autorités
vêtus avec habit noir et gibus. L'année suivante, ses successeurs firent de même. La coutume s'instaurait.
En 1880, le Caladois Charles HUGAND fut le premier à vouloir fêter l'anniversaire de son tirage au sort,
20 ans après. Au fil des ans, l'idée a été reprise par d'autres. La tradition était née et la fin du tirage au sort
en 1905 ne l'a pas arrêtée, ni l'abrogation du Service national en 1998.
Une charte très précise -édictée à l'époque de la présidence d'Hubert BOULAUD- en a établi définitivement
les règles afin d'éviter tout débordement, de maintenir l'esprit de la fête et de maîtriser toute évolution hâtive
(tenue des conscrits, esprit et comportement du conscrit, etc.).
Le programme
Chaque dernière semaine de janvier, la fête bat son plein après des mois de préparation par les associations de conscrits. Le programme s'étale sur environ huit jours et donne lieu à un planning très précis. C'est du sérieux !
Avant-dernier dimanche de janvier : cérémonie de remise des drapeaux aux 20 ans au musée des Conscrits, puis grand-messe à ND des Marais avec bénédiction des drapeaux
Vendredi suivant : visite aux conscrits handicapés, retraite aux flambeaux (thème différent chaque année) clôturée par une aubade des classards devant la mairie et remise solennelle des clés de la Ville au président des "20 ans"
Samedi suivant : le matin, cérémonie au cimetière et dépôt de gerbes sur les tombes des conscrits défunts suivi de la visite aux conscrits en foyer-résidence et à l'hôpital; l'après-midi, visite aux conscrites, par petits groupes, pour la remise de la traditionnelle cocarde accompagnée du bouquet oeillets-mimosas.
Dernier dimanche de janvier : Réveil de la population par deux trompettes qui se rejoignent au centre de la rue Nationale. Puis, réveil "en musique" des présidents de classe par une délégation. Ensuite, photos-souvenir des groupes de conscrits (quand cela n'est pas déjà fait le samedi). A 11h, défilé. Puis, grands banquets suivis de soirées dansantes.
Lundi: Repas (appelé le "retinton"). Le soir, enterrement de la classe.
Mardi: "super retinton". Le soir, restitution des clés de la Ville.
N.B. : Tous les midis, chaque classe tente de reprendre des forces dans un bon restaurant de la région.
Le défilé de la vague
Il faut l'avoir vu au moins une fois dans sa vie.
Le Jour J, les conscrits de toutes les décennies déboulent sur la rue Nationale piétonne et font "la Vague" (c'est-à-dire qu'ils cheminent alternativement par rangées de gauche à droite, donnant un effet de vague au défilé). Chaque classe d'âge est précédée solennellement par une fanfare. Ce grand cortège fait le parcours dans le sens aller... et retour. Il faut du souffle pour couvrir la distance !
Sur cette rue à nulle autre pareille avec sa forme en cuvette, ce spectacle tout de mouvements est grandiose. Bras dessus-bras dessous, les conscrits chantent, dansent, interpellent le public. Les plus anciens font souvent le parcours en voiture d'honneur. Mais ce ne sont pas les moins applaudis pour autant.
Cette "fête du temps qui passe" regroupe entre 350 et 500 conscrits suivant les années. Et certains reviennent de fort loin pour participer à leurs classes qu'ils ne voudraient manquer à aucun prix.
Ce dimanche-là, toute la Calade est rassemblée de chaque côté de la rue Nat'. On vient voir passer son mari, un frère, un ami...
Ensuite, les conscrits, fourbus mais ravis, vont faire bombance avec leurs invités dans de grands banquets. La journée finit par de grands bals avec orchestres.
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Tenue et organisation
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Le Conscrit est reconnaissable à sa tenue immuable : le smoking, la chemise blanche, le noeud papillon, les gants, le gibus, l'écharpe blanche ainsi que le bouquet d'oeillets-mimosas qu'il porte pendant toutes les festivités.
Son âge se reconnait à la couleur du ruban qui orne le chapeau (vert pour les 20 ans, jaune pour les 30 ans, orange pour les 40 ans, rouge pour les 50 ans, bleu pour les 60 ans, violet pour les 70 ans et tricolore à partir des 80 ans).
Il faut savoir que chaque classe possède sa propre chanson -humoristique- qu'elle entonne à tout moment de la semaine dans une bonne humeur communicative.
Mais une fête d'une telle ampleur ne s'improvise pas. L'organisation est très bien structurée, autour de l'Interclasse générale. Elle chapeaute 10 Interclasses (de la "0" à la "9") qui, elles-même, ont la responsabilité de 8 classes (les 20, 30, 40, 50, 60, 70, 80 et 90 ans).
Ce sont donc environ 80 associations qui cultivent la fraternité à longueur d'années. Pendant les dix années qui séparent deux décades, chacune d'elles a sa vie propre avec retrouvailles mensuelles (repas, voyages, concours, etc.). C'est ça, l'amitié...
Bibliographie
"Les Conscrits de Villefranche en Beaujolais" de J.J. PIGNARD (Editions de Trévoux/SME)
Musée de la Conscription
Adresse : Maison du Patrimoine
30 rue Roland
Tel. : 04 74 60 39 53